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Le modélisme ou l'art de créer des vêtements

Le modélisme ou l’art de créer des vêtements

Par Julie

Qui n’a jamais rêvé de créer ses propres modèles de vêtements ? Pour pouvoir en choisir la forme, la coupe, savoir l’ajuster parfaitement à sa silhouette…

Mais entre la couture à partir d’un patron du commerce et la conception d’un vêtement de A à Z, il y a pas qui peut paraître difficile à franchir. Il faut maîtriser les techniques de construction d’un vêtement, savoir les interpréter et y ajouter une dose de créativité. Pour arriver au but ultime : créer une garde-robe unique, à notre image et à celle de notre corps !

S’initier au modélisme est donc une étape incontournable pour celles qui souhaitent créer leur propres patrons. Mais ça peut aussi s’avérer très utile lorsqu’on débute en couture et que l’on se trouve face à un patron acheté dans le commerce.

C’est la raison pour laquelle j’ai envie de vous proposer une série d’articles sur le modélisme qui vous donnera les clés pour :

  • comprendre les techniques et méthodes utilisées par les modélistes,
  • apprendre à décrypter un patron et le modifier,
  • apprendre à créer vos propres modèles.

Dans ce premier article, je vous explique ce qu’est le modélisme, et je vous raconte une petite histoire…

Qu’est-ce que le modélisme ?

Dans le processus de création d’un vêtement, la première étape est le dessin ou croquis de mode : c’est le travail réalisé par un(e) styliste. Le modélisme désigne l’étape suivante, qui est celle de la conception et de la construction du modèle.

Pour passer du dessin au vêtement, il existe 3 techniques :

Le moulage

Le moulage permet de réaliser un vêtement directement en 3 dimensions en travaillant sur un mannequin. C’est une technique qui est utilisée notamment dans la Haute Couture.

Voici par exemple, comment a été créée la robe Christian Dior que portait Emilia Clarke au dernier festival de Cannes :

Dior - Robe d'Emilia Clarke
© Sophie Carre pour Dior

La coupe à plat

La coupe à plat permet de réaliser un vêtement en 2 dimensions. C’est une méthode basée sur une représentation « à plat » du corps humain à partir de laquelle on construit le vêtement en appliquant un certain nombre de transformations.

On obtient ainsi le patron du vêtement qui sert de base pour réaliser une toile. Le vêtement prend forme en 3 dimensions par le jeu de pinces ou de plis qui lui donne son volume.

La méthode de transformation

La méthode de transformation consiste à utiliser et modifier un patron existant qui est proche du modèle à réaliser dans sa forme et son volume. C’est une technique largement utilisée par les marques de prêt-à-porter qui possèdent généralement une bibliothèque de données regroupant l’ensemble des bases de patronage des modèles des collections passées. La méthode de transformation permet un gain de temps (et donc d’argent !) important et assure la continuité d’une collection à une autre.

Comme vous n’êtes ni Christian Dior ni Zara, vous serez plutôt amenée à utiliser la coupe à plat. C’est donc cette méthode qui va nous intéresser pour la suite et sur laquelle je reviendrai en détail dans les prochains articles.

Mais avant cela, je voudrais vous raconter une histoire qui permet d’éclairer et de mieux comprendre en quoi consiste le modélisme. Cette histoire aussi inspirante que passionnante, c’est celle d’Alexis Lavigne. Ce nom ne vous dit peut-être rien. Pourtant, ce tailleur visionnaire a complètement révolutionné le monde de la couture et de la mode.

La naissance de la coupe à plat

Nous sommes en 1840 à Paris. Alexis Lavigne, un jeune tailleur de 29 ans s’installe rue des Petits Champs pour réaliser des vêtements sur mesure pour les messieurs. Curieux et inventif, il a fait son apprentissage en faisant un tour de France en tant que Compagnon chez des Maîtres Tailleurs d’Habits. Il tire de cette expérience la conclusion suivante : la majorité de ses confrères travaille de manière routinière et approximative, d’où une perte de temps, d’efficacité et un résultat qui n’est pas toujours satisfaisant.

En effet, à cette époque-là, et depuis déjà bien longtemps, les tailleurs travaillent à partir d’un modèle original qu’ils adaptent tant bien que mal aux mensurations du client. Alexis Lavigne propose d’appliquer la méthode inverse : partir du corps pour aboutir au vêtement à réaliser. En 1841, il publie son premier manuel de coupe qui détaille pas à pas sa méthodologie, fruit de 8 années de recherche.

La méthode qu’il présente se décompose en 3 grandes étapes :

  • le corps est d’abord mesuré de manière simple et rigoureuse.
  • les mesures sont reportées sur le papier en un ordre bien défini, permettant ainsi de passer d’un volume en trois dimensions à un plan.
  • c’est à partir de cette représentation à plat du corps que le vêtement est dessiné et schématisé sur le papier.

Alexis Lavigne expose les principes généraux et particuliers, schémas à l’appui, pour tailler les redingotes, les pantalons, etc., et surtout pour tenir compte des différentes morphologies de la clientèle : positions voûtées ou cambrées, silhouettes ventrues et autres. Ce premier manuel inaugure une longue série d’ouvrages publiés par Alexis Lavigne, posant les principes de base de la coupe à plat utilisés encore aujourd’hui.

Conformation des hommes - Alexis Lavigne
Gravure issue de la « méthode du tailleur » d’Alexis Lavigne de 1843 illustrant la grande diversité des conformations masculines de l’époque.

La première école de coupe

En même temps que la publication de son manuscrit, Alexis Lavigne crée son école de coupe. Les premiers temps, il s’agit en réalité de cours du soir, qui ont lieu chez lui.

Publicité pour les leçons de coupe données par Alexis Lavigne - 1847
Publicité pour les cours de coupe d’Alexis Lavigne (1847)

A la mort d’Alexis Lavigne, en 1880, sa fille Alice Guerre reprend la direction de l’école, qui s’appelle alors école Guerre Lavigne, et l’ouvre à un nouveau public : celui des jeunes filles.

Alice Guerre en cours (1905)
Alice Guerre en cours (1905)

Dès les années 1900, l’école a pour ambition d’exporter son savoir-faire à l’échelle internationale afin d’enrichir ses méthodes au contact d’autres cultures et artisanats. Alice Guerre crée ainsi un réseau international d’écoles enseignant les procédés Guerre Lavigne.

La fille d’Alice (Berthe Lecomte-Guerre), puis son petit-fil (Jean Lecomte) reprennent tour à tour le flambeau. Les années 1960 marquent un tournant dans la pédagogie de l’école avec l’apparition de la notion de stylisme qui participe à l’évolution du métier de couturier. Jean Lecomte répondra à cette évolution en créant en 1970 la première classe de stylisme à l’école Guerre-Lavigne. Enfin, en 1976, l’école change de nom et devient l’ESMOD.

Hall principal de l'école ESMOD Paris
Hall principal de l’école ESMOD Paris

Les inventions d’Alexis Lavigne

Le mètre-ruban

Mais revenons-en à Alexis Lavigne ! Nous l’avions laissé en 1841 avec la publication de sa première méthode de coupe, vous vous souvenez ? Toute sa méthode reposant sur une prise de mesures précise et juste du corps du client, il décide de s’attaquer au sujet du mètre-ruban, qui ne lui apporte pas entière satisfaction. Dans la revue Fashion-Theorie dont il est le rédacteur-en-chef, il explique :

« Un centimètre en maroquin a l’inconvénient de se détendre, de se décoller ou de s’effacer; les centimètres en rubans, surtout ceux à un sou, ne sont pas aussi économiques qu’ils le paraissent. Ils n’ont aucune consistance et, en peu de temps, se chiffonnent, s’effacent, se roulent en papillote et se relèguent alors presque immédiatement avec les rognures.»

Il se creuse les méninges et finit par dessiner ça :

Dessin de la machine à fabriquer le mètre-ruban par Alexis Lavigne
Dessin de la machine à fabriquer le mètre-ruban (1847) par Alexis Lavigne

Une machine complexe qui permet d’imprimer et d’apprêter les rubans pour les rendre imperméables. Il dépose un brevet en 1847. Grâce à cette machine, Lavigne offre à ses clients « des centimètres d’une grande solidité et de toutes les couleurs, qu’il suffit, lorsqu’ils sont vieux ou sales, de frotter avec un chiffon mouillé pour les rendre aussi beaux que neufs ». Il invente ainsi le mètre-ruban tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Brevet pour l'invention du mètre ruban par Alexis Lavigne
Dépôt de brevet des mètres rubans tels qu’ils étaient produits dans la fabrique d’Alexis Lavigne en 1847

Le buste de couture

Mais Alexis Lavigne n’en a pas terminé avec les inventions !

La science du tailleur doit s’adapter à toutes les morphologies. C’est cette obsession qui donne encore une fois une idée géniale à Alexis Lavigne : réaliser des bustes d’après nature afin de faciliter le travail du tailleur. A cette époque-là, il n’existe en effet que de simples bustes en osier.

Reste donc à trouver la solution technique pour réaliser ce fameux buste sur-mesure.

En 1835, M. Boiché, un ferblantier (métier qui consistait à fabriquer et à vendre des outils ou ustensiles en fer-blanc) a l’idée de créer un mannequin en fil de fer. Cela inspire un Anglais, le Comte Dunin, qui présente à l’exposition universelle de Londres un mannequin composé de plus de 7000 pièces métalliques, qui peut s’ajuster à différentes morphologies. Un véritable chef-d’œuvre, mais dont le coût de revient exorbitant dépasse de très loin le budget d’investissement des tailleurs !

Invention du Comte Dunin : mannequin mécanique

De son côté, Alexis Lavigne a une idée beaucoup moins spectaculaire que l’invention de Dunin, mais qui va pourtant révolutionner le monde de la confection. Il crée un buste en carton qu’il recouvre de tissu et rembourre de molleton pour reproduire les proportions du client ou de la cliente.

Ce buste sur mesure représente un gain de temps pour le tailleur, qui peut alors travailler à distance pour une clientèle de province ou de l’étranger. Autre avantage : le rembourrage permet de draper et d’épingler le tissu à même le mannequin. Ce qui donne naissance à une nouvelle manière de concevoir un vêtement : le moulage !

Grâce à ses mannequins moulés sur nature, Alexis Lavigne reçoit une Mention Honorable à l’Exposition de l’Industrie en 1849. Mais loin de s’en contenter, il poursuit ses recherches.

En 1854, il dépose un brevet pour la fabrication de bustes moulés sur plâtre. Puis il en lance la fabrication dans des ateliers dont il dispose à Levallois-Perret. Les bustes Lavigne supplantent ainsi rapidement leurs homologues en osier, pour la présentation du vêtement fini comme pour la couture.

En 1857, Alexis Lavigne offre à l’impératrice Eugénie un buste moulé à ses mesures. En retour, il reçoit une accréditation comme tailleur-amazonier* de l’impératrice.

Buste de l'impératrice Eugénie réalisé par Alexis Lavigne

* le tailleur amazonier est celui qui crée des vêtements d’équitation, un statut très prestigieux à l’époque.

L’apparition des tailles, prémices du prêt-à-porter

Du sur-mesure à la standardisation

Loin de se reposer sur ses lauriers, Alexis Lavigne poursuit ses réflexions et ses recherches. Précurseur sur son temps, il voit s’annoncer, avec l’implantation des premiers grands magasins parisiens, les prémices du prêt-à-porter. Prenant conscience qu’il est en train de faire fausse route avec le sur mesure, Alexis Lavigne décide alors de passer à une standardisation de ses bustes. Il explique :

« La majorité des dames ayant une conformation régulière, nous sommes partis de ce principe et avons formé des séries de la plus petite à la plus grande taille que nous destinons au commerce ».

Ses bustes sont donc déclinés dans différentes tailles « standard ». C’est à partir de cette idée visionnaire qu’ont été créées les tailles de prêt-à-porter d’aujourd’hui.

Publicité pour les bustes mannequins pour hommes, femmes et enfant de la Maison Lavigne.
Publicité pour les bustes mannequins pour hommes, femmes et enfant de la Maison Lavigne (1870)

Lavigne remporte un grand succès avec ses mannequins standardisés. Mais malheureusement pour lui, la fabrique de Levallois est entièrement détruite par un bombardement en 1870. Il est alors contraint d’abandonner la fabrication de ses mannequins et se replonge dans la recherche et l’enseignement.

Les mannequins Stockman

L’histoire des bustes Lavigne n’en est pas terminée pour autant ! Car en 1867, un certain Frédéric Stockman se lance lui aussi dans la fabrication de bustes de couture. En arrivant à Paris, ce jeune belge se destinait pourtant au métier de sculpteur. Ne parvenant pas à vivre de son art, il se forme au métier de tailleur. Vous devinez qui est son professeur : Alexis Lavigne, évidemment !

Inspiré par les méthodes et inventions géniales de Lavigne, Frédéric Stockman comprend très vite l’intérêt que présentent des bustes aux gabarits pré-établis. Est-ce Stockman qui a influencé la vision d’Alexis Lavigne ou l’inverse ? Mystère…

Toujours est-il que cette standardisation fera l’immense succès des bustes Stockman, numérotés par tailles, correspondant à la moitié du tour de poitrine.

Etablisssement Stockman - bustes de couture

150 ans plus tard, ils trônent encore fièrement dans des plus grandes maisons de couture et dans les ateliers des couturières.

Si leur silhouette a évidemment évolué au cours du temps, la méthode de fabrication n’a pas bougé d’un iota. Des lanières de papier mâché sont appliquées sur des moules en plâtre, collées puis passées à l’étuve. Une fois sèche, la carcasse est fendue sur tout un coté pour pouvoir la démouler. Après avoir été recousu ou agrafé, le mannequin est recouvert d’une toile de coton beige. Les références, les numéros et le logo Stockman qui attestent l’origine du mannequin sont peints au pochoir sur la toile.

Buste Stockman

Prochain épisode…

Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur Alexis Lavigne, tant ses découvertes et ses inventions sont nombreuses ! Mais je m’arrête là pour aujourd’hui et j’espère que son histoire vous a permis de mieux comprendre ce qu’est le modélisme.

Dans le second article consacré au modélisme, je vous parle des différents livres / cours / méthodes pour apprendre le modélisme.

Lire l’article #2 : Comment s’initier au modélisme ?

A très vite mes Louisettes !

// Crédits photos
Photo de une : © Dior (robe de Kirsten Dunst pour le festival de Cannes en 2016)
Photos relatives à Alexis Lavigne et à ses inventions : source ESMOD

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33 commentaires

  1. Génial !
    Merci pour cet article passionant, ça donne envie de se plonger dans toute l’histoire du modélisme !
    (Et pour les livres d’Esmod, j’ai ma réponse 😉 )

  2. Je suis étudiante en mode et je dois dire que cet article et ultra intéressant ! Je l’ai lu d’une traite c’était passionnant ^^ Je savais dans les grandes lignes quelques infos mais j’ai réellement appris, mercii !

  3. Article passionnant et très instructif. Comme d’hab apprendre passe par des chemins insoupçonnés qui permette de devenir passionné, grâce à de vrais « passionneurs » 🙏 merci pour votre site indispensable pour qui veut avancer…

  4. Merci beaucoup pour cet article très instructif et passionnant, pouvez-vous m’indiquer SVP la source de ces informations ? S’agit-il d’un livre d’histoire de mode ? Merci d’avance

  5. Bravo ! Moi qui croyais avoir lu tous les articles depuis la découverte de votre blog, je tombe sur cet article passionnant et la suite. Merci beaucoup. Bonne continuation.

  6. Je passe en revue vos articles dans la rubrique « conseils et astuces » ayant découvert qu’aujourd’hui votre blog. Merci de toutes ces infos. Les articles sont bien écrits, très utiles et présentant une foule d’informations. Une très belle découverte. Un grand bravo pour ce travail. Allez, j’y retourne. Je suis sûre que je vais découvrir encore plein de choses… et en plus ça donne envie de passer encore plus de temps avec sa machine à coudre !!
    très belle journée

    1. Un grand merci François pour votre message qui nous touche beaucoup et nous fait très plaisir !!! On vous souhaite de belles découvertes sur le mag. 😘

  7. Superbe article. J’ai été transporté dans les années 1800, comme si je lisais un roman … Très instructif et très bien écrit !
    Merci !

  8. Ta série d’articles sur le modélisme est passionnante! J’apprends tout plein de choses, merci!!

  9. Merci pour cet article très intéressant. J’ai appris beaucoup de choses. Je commence à m’intéresser de près au modélisme et j’ai hâte de lire la suite.

    nb : j’ai relevé deux petites coquilles : Le brevet pour les mètres rubans a été déposé en 1847 et pas 1947. Et je pense que c’est en 1835 et pas 1935 que M. Boiché, a l’idée de créer un mannequin en fil de fer.

  10. Merci pour cet article très intéressant !

    Je ne connaissait pas effectivement cet Alexis Lavigne mais nous lui devons beaucoup ! 😉

    Hâte également de lire les articles suivants.

  11. Passionnant !!!
    Une fois de plus on peut constater que les Compagnons sont des professionnels d’excellence. Toute couturière connait le nom de Stockman, dommage qu’il n’en soit pas de même pour Lavigne. Un visionnaire de génie qui mériterait plus de reconnaissance.
    Avec une taille d’adolescente et un corps de femme tout en rondeur, je suis complètement « inadaptée » au prêt à porter sauf à avoir l’air habillée d’un « sac ». J’ai donc appris à faire mes propres patrons, en autodidacte… un travail fructueux. Rien de tel qu’un beau tombé : même dans un style simple, la silhouette est toujours mise en valeur.
    A bientôt pour la suite !
    Merci.

  12. Merci pour ce super article ! Est-ce que certain.es s’y sont mises sans cours d’école ? Il y a pas mal de livres qui existent, mais c’est difficile de s’y mettre sérieusement !

    1. Merci Nolwenn ! Comment s’y mettre, c’est un sujet que je compte aborder dans un prochain article. Personnellement, je pense que c’est bien d’avoir 1 livre + prendre un (ou plusieurs) cours pour se mettre le pied à l’étrier et bien comprendre la méthode.

  13. Article vraiment très intéressant merci ! Lavigne est en effet un homme à connaître quand on aime la couture et le modélisme.

    Juste 2 petites coquilles : dans le paragraphe relatif à l’impératrice Eugénie, c’est 1854 et non 1954 et de même pour la date suivante.

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