La pétillante Valentine, connue sous le pseudo Happy as a bee nous ouvre les portes de son atelier de couture, dans son très bel appartement dijonnais. Quatre ans après ces débuts derrière une machine à coudre, Valentine excelle dans l’art délicat du hack de patrons. Un rapide coup d’œil sur sa garde-robe cousue main montre que les modifications de patrons n’ont plus de secret pour elle ! Valentine aime les tissus colorés, les motifs et les fronces. Avec son sourire communicatif, elle nous livre ses habitudes et ses anecdotes inspirantes de couturière.
Où est-ce que tu t’installes pour coudre ?
Devant ma machine à coudre (rires). En général je m’installe devant mon bureau, j’ai toujours un endroit un minimum cocooning pour coudre. Et j’aurai bientôt une pièce dédiée à la couture !

L’atelier de tes rêves, il ressemble à quoi ?
Je vais bientôt l’avoir, d’ici quelques mois ! L’atelier de mes rêves, il a une table de coupe qui est à la bonne hauteur pour que je n’ai pas à me casser le dos ou à me mettre par terre. Il a plein de rangements parce que je perds un temps fou parfois à chercher tel ou tel objet. Même si je suis un peu désorganisée, je pense qu’avoir du rangement c’est la clef.
Est-ce que tu as un petit rituel avant/pendant/après une séance couture ?
Non, je n’ai pas vraiment de rituel, je cours à ma machine à coudre dès que j’ai une minute de libre. Dès que mon bébé est couché, c’est couture, couture et couture ! Mais souvent je me mets une série en fond pendant que je couds.

C’est quoi ta technique de feignante en couture ?
Pour les ourlets, j’aime bien aller vite donc en général je surjette et je tourne autour du surjet, ce qui fait un ourlet assez fin. Marquer le pli au fer, ça n’a rien de compliqué mais je trouve interminable ! J’ai déjà l’excitation de voir mon vêtement presque fini et c’est juste du temps à passer en plus pour qu’il soit portable. Comme ce n’est pas ça qui fait le charme du vêtement, les ourlets ça me gonfle à chaque fois.
Et à l’inverse, c’est quoi la technique que tu aimes particulièrement et que tu maîtrises sur le bout des doigts ?
Ce que je gère à fond parce que j’ai l’habitude d’en faire ce sont les fronces. Sur tous mes modèles il y a des fronces, j’adore ça ! C’est plus un coup de main qu’une astuce mais je peux déjà conseiller de faire deux fils de fronce, ça aide. Avant je n’en faisais qu’un et ce n’était pas régulier. Même si ça prend un peu de temps d’en coudre deux, ça en fait gagner à la fin. A force d’en faire, j’ai de l’entraînement et je fronce super vite !
C’est quoi l’outil dont tu ne pourrais pas te passer en couture ?
Le découd-vite, c’est indispensable pour défaire les bêtises. Mais l’outil un peu moins connu que j’utilise maintenant à chaque fois, c’est une petite réglette pour déterminer l’espacement entre les boutons.
Souvent je modifie les patrons parce que je suis plus petite donc je ne respecte jamais les longueurs, et puis parfois c’est juste pour le plaisir de modifier. Cette petite réglette me fait gagner un temps fou parce qu’avant je me prenais la tête sur des calculs alors que là c’est ultra simple.

Si tu devais coudre une seule matière jusqu’à la fin se serait quoi ?
Un coton léger et fluide. J’aime bien aussi la viscose. Si j’avais un budget illimité, je choisirai une belle viscose plutôt qu’un mauvais coton. Mais un coton de qualité c’est franchement trop agréable à coudre et à porter.
C’est quoi ton prochain défi en couture ?
J’aimerais bien me coudre un manteau, je n’en ai encore jamais fait. Je ne suis pas hyper à l’aise avec les doublures, à chaque fois que j’en ai fait je n’étais pas très satisfaite. Donc je pense me faire un beau manteau, en partant du patron Magnésium de Ivanne S.
J’aime bien aussi le Kelly Anorak de Closet Core Pattern, il est magnifique mais il y a trop de points techniques. Je préfère les patrons simples car je serais capable de maîtriser les finitions jusqu’au bout. Si c’est trop pointu, je vais en avoir marre avant la fin et je vais bâcler le vêtement. Du coup il ne sera pas portable parce que trop technique…
La robe Mira ou la blouse Norma de Fibre Mood, ce sont des patrons plutôt simples, mais comme j’ai pris le temps de soigner les finitions, je les porte tout le temps.

Une séance de couture chez toi ça ressemble à quoi ? Plutôt organisée ou bordélique ?
Totalement bordélique (rires). Depuis que je suis maman j’essaie de m’organiser pour pouvoir coudre un maximum et être efficace donc ça m’arrive très souvent de fractionner un peu les tâches : je fais un assemblage de patron un soir, puis je découpe le tissu un autre soir…
Souvent je ne sais plus où sont rangées mes affaires du coup je suis toujours à la recherche d’un truc ou d’un autre mais ça bientôt ce sera réglé quand j’aurai mon atelier. Et puis je change d’idée en route!
Ah oui et j’essaie le vêtement à chaque étape. Tout le monde me demande comment je fais pour réajuster autant les patrons mais c’est en les essayant plusieurs fois pendant la réalisation que je peux les modifier pour qu’ils soient bien adaptés. Comme ça je sais que je peux passer à l’étape suivante.
Tu as une to-do list ou tu couds plutôt au feeling ?
Il y a parfois des projets sur lesquels je me suis engagée vis-à-vis d’une marque. Quand on m’offre un patron ou un tissu, j’essaie de ne pas trop traîner pour m’y mettre parce que j’estime que ce n’est pas respectueux de les faire attendre. Mais sinon ça peut être du jour au lendemain, un projet qui me prend comme ça et je le couds en une soirée.

C’est quoi ton rythme de croisière en couture ?
Je couds très régulièrement, au moins une fois par semaine. Mais ça m’arrive parfois de ne pas toucher ma machine pendant deux semaines et d’enchaîner cinq soirées couture de suite.
C’est vraiment très variable, ça dépend plus de mes envies et du temps libre que je peux avoir. Quand mon mari n’est pas là je couds beaucoup plus. Je me mets dans une pièce à part pour coudre donc ce n’est pas très convivial.
Quand tu bloques sur une technique, tu fais quoi ?
Je me débrouille toute seule. La plupart du temps, je suis mon inspiration et le lendemain je vais lire des articles et des tutoriels sur ce qu’il fallait vraiment faire et je me dis « ah oui ça aurait été plus simple si j’avais fait comme ça ».
Souvent je ne lis pas les livrets d’explications des patrons, je découpe les pièces, si jamais il y a un point technique en particulier que je n’ai jamais fait, je vais le regarder en détail et après je couds à ma sauce.
C’est quoi le premier vêtement que tu as cousu ?
C’est une robe Lola de Make My Lemonade. Je l’ai encore dans ma garde-robe et je pourrais encore la porter. Il y a un col qui n’est pas trop mal réussi pour une première cousette, je suis assez fière de moi.
Le souci c’est au niveau des finitions des ourlets, ça devait déjà être ma bête noire à l’époque et aussi au niveau des emmanchures. J’ai des bras un peu larges, je le sais maintenant donc j’adapte toujours les patrons à ce niveau-là mais pour cette première robe je ne l’avais pas fait donc je suis un peu engoncée au niveau des bras. C’est pour ça que je ne la porte pas trop, elle n’est pas très confortable mais sinon elle n’est pas trop mal !

Ton plus gros échec en couture ?
Un maillot de bain que je n’ai jamais fini. Le corps allait très bien mais je n’ai jamais réussi à coudre les bretelles avec la laminette. Il faudrait que je m’y remette, je pense que maintenant j’y arriverai. Peut-être en utilisant un pied à double entraînement.
Est-ce que tu choisis tes patrons au coup de cœur ou plutôt en pensant à ta garde-robe comme un ensemble cohérent ?
C’est à l’instinct, je vois quelque chose dans le commerce et j’ai envie de me le coudre mais par contre, avec le temps, je sélectionne des patrons et des tissus que je suis absolument sûre de porter. Je suis la première à coudre parfois beaucoup trop sans réfléchir aux conséquences écologiques et économiques mais c’est aussi dangereux, à mon sens, de coudre à tout va que de dévaliser les magasins toutes les semaines.
Un vêtement, acheté dans le commerce ou cousu main, s’il est porté pendant dix ans, il est totalement rentabilisé, je pense qu’il n’y a aucun scrupule à avoir. A l’inverse, coudre un vêtement pour le porter une seule fois c’est tout aussi ridicule que la fast fashion.
Le souci avec la couture, c’est qu’on ne sait pas à l’avance à quoi ressemblera le vêtement. Si ça se trouve il n’ira pas mais on ne s’en rend pas compte avant de l’avoir fini donc je pense qu’il faut bien réfléchir à ce qu’on coud. Je couds désormais à l’instinct car je connais les formes qui me vont mais ça m’arrive encore d’avoir des loupés, des pièces que je porte plus que d’autres.
// Retrouvez Valentine :
Sur son blog happy-as-a-bee.com
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