Coudre moins mais mieux, c’est un peu notre crédo chez Louise Magazine. Prendre le temps de confectionner des vêtements qui nous vont parfaitement et qui correspondent à notre style, à notre mode de vie, c’est l’essence même de la slow couture que nous mettons en avant sur le mag.
Cette démarche, c’est aussi celle de Michèle Thénot, qu’elle transmet à travers ses livres : 1001 tuniques paru l’année dernière, et 1001 robes sorti en septembre. Le concept est simple : 1 patron de base, 1001 possibilités.
Car Michèle est la reine du hack ! Elle nous montre qu’un patron peut se décliner à l’infini, et de manière très simple. Pas à pas, elle nous guide pour adapter le patron de base à notre morphologie puis nous donne toutes les clés pour le transformer : modifier la forme du col ou des manches, ajouter des poches, passer d’une coupe cintrée à une coupe droite ou trapèze, etc.
Michèle est une personne passionnée et passionnante, qui aime partager, transmettre. J’ai adoré discuter avec elle et je la remercie infiniment de m’avoir fait confiance pour cette interview. Nous avons parlé de son livre 1001 robes évidemment, mais aussi de son blog, de son passage à Cousu Main, de l’évolution de la couture, des réseaux sociaux… Mais je n’en dis pas plus et vous laisse découvrir ma conversation avec Michèle.
Pour préparer l’interview, je me suis rendue sur ton blog et j’ai vu que tu l’avais créé début 2009, il y a un peu plus de 10 ans. Pourquoi et comment t’es venue l’idée et l’envie d’avoir un blog ?
Mon blog va effectivement avoir 11 ans ! Je l’ai ouvert à la grande époque de la couture japonaise. Instagram n’existait pas et l’écriture n’avait pas disparu !
A force de me promener de blog en blog, j’ai eu envie d’ouvrit le mien, de partager. Les débuts étaient assez empiriques, mais l’échange et le partage étaient là ! c’est aussi un moyen de garder une trace de ce que je fais.
Quelquefois je remonte le temps, je trouve cela très drôle !
Justement, je suis allée voir tes premiers posts, la première création que tu as partagée sur ton blog est une tunique. Ton premier livre était justement consacré aux tuniques ! Quelle est l’importance de ce vêtement pour toi ?
Oui ! C’est rigolo, ça doit être un signe ! J’aime beaucoup les tuniques, tous les styles, tous les tissus peuvent lui convenir. C’est aussi un bon sujet pour commencer la couture. Il est possible de démarrer par du simple et de compliquer au fur et à mesure que l’on apprend de nouvelles techniques.
Quelle est ton histoire, ta relation à la couture ? Quand as-tu commencé à coudre ?
J’ai commencé à coudre vers 5 ans. J’avais une petite machine qui faisait le point de chaînette et je cousais des robes pour mes poupées.
Vers 11 ans, j’ai commencé à coudre pour moi sur la vieille Elna verte de Maman. Les débuts n’étaient pas terribles, mais je ne me suis jamais découragée. Il y avait Burda puis 100 Idées.
Coudre a toujours fait partie de ma vie, j’ai acheté ma première machine avec un de mes premiers salaires.
Quand je couds, je décompresse, je fais le ménage dans ma tête. Après une journée de maîtresse et de directrice d’école maternelle, coudre, ne serait-ce que 15 minutes me permettait de me ressourcer !
En présentant ton livre 1001 robes sur ton blog, tu dis « de plus en plus, j’ai l’impression que la relation à la couture est assez similaire à celle que l’on peut avoir avec le prêt-à-porter. Pour moi la couture c’est tout le contraire : coudre, c’est se donner les moyens de porter un vêtement qui ira parfaitement ». Comment perçois-tu aujourd’hui l’évolution de la couture ?
Il y a 10 ans, je crois que la couture était moins pratiquée. Actuellement le DIY a le vent en poupe, et c’est très bien, mais on a tendance à oublier que c’est un apprentissage qui peut être laborieux.
Les adeptes des accessoires peuvent obtenir très vite de beaux résultats, souvent il ne s’agit que de coutures droites, en 2 heures, on peut coudre une trousse, un totebag ou un coussin.
Le monde va vite, on veut des résultats tout de suite, la couture et ses exigences peuvent rééquilibrer tout cela.
En 2016, tu as participé à l’émission Cousu Main sur M6. Que retiens-tu de cette expérience ?
Il y a la couture avant Cousu main et la couture après.
Ce fut une belle aventure aussi bien sur le plan humain que technique. J’y ai appris de nouvelles techniques (merci Amparo et Julien !) mais surtout la rigueur et la précision. On ne coud plus de la même façon quand notre travail est décortiqué et évalué en permanence.
Le fait de participer à Cousu main et d’y faire un beau parcours m’a donné aussi une certaine légitimité, cela m’a permis de faire de belles rencontres, cela m’a portée.
Je ne sais pas si mes livres auraient vu le jour sans cette aventure.


Justement à propos de tes livres, est-ce que tu peux nous expliquer en quelques mots le concept que tu as voulu partager dans 1001 tuniques et 1001 robes ?
J’ai voulu faire des livres ressources, des livres qui permettaient de s’approprier un modèle basique et de la personnaliser.
La formule clé est : « la tunique ou la robe dont vous êtes le héros » comme dans ces livres à choix multiples que lisaient mes enfants.
Ne plus être consommateur, mais acteur de sa couture.
Concrètement, comment se déroule l’expérience d’écriture d’un livre de couture ? Quelles sont les différentes étapes, les différents protagonistes ?
Il y a eu une rencontre avec Laurence Auger, directrice éditoriale des Editions La Plage. Discussion autour de la couture au cours d’une dédicace, et Laurence m’a tendu sa carte « si jamais j’avais envie d’écrire un livre ! »
La graine était plantée. Dans ma tête il y avait un constat de surconsommation : on ajoute un petit volant sur un patron…. Et hop un nouveau patron en vente ! Pour moi, la couture c’est la créativité et la liberté.
Donc l’idée a germé : un livre ressources pour donner les moyens de développer sa créativité.
Une fois le projet déposé et validé, c’est un grand moment de solitude et de travail qui dure plusieurs mois. On fait le point de temps en temps avec l’équipe éditoriale, on cherche des partenaires, et le travail avance.
Tout au long de la rédaction, une amie relisait au fur et à mesure et validait mes schémas et explications (tant que je n’avais pas cette validation, je refaisais !)

Puis le manuscrit est remis, à partir de ce moment, il ne m’appartient plus, il est soumis au regard et au jugement de l’équipe.
C’est le début d’un long va et vient : relecture puis mise en page. Il faut coudre les modèles qui seront photographiés…. C’est très varié !
Et un jour, c’est la fin : le bébé arrive. Grande fierté, grande joie….et grosse angoisse !
Le syndrome de l’imposteur n’est pas loin ! La sortie arrive, comment le livre va-t-il être accueilli ?
En bref, c’est l’alternance de bonheur et d’angoisse ! Mais je crois que j’aime cela !
Quelles sont les leçons que tu as tirées de ta première expérience avec 1001 tuniques et qui t’ont servi pour ton second livre ?
Pour le second livre, j’ai tenu compte des retours du premier : des photos pour pouvoir se projeter. Un gros chapitre sur l’ajustement.


Si mes infos sont exactes, tu as 60 ans 😊. Que représentent pour toi les réseaux sociaux, notamment Instagram ? Quelle utilisation en fais-tu ?
Euh….je vais avoir 62 ans en décembre !
Les réseaux sociaux ont pris une place importante dans la vie actuelle, ce sont de fabuleux vecteurs de communication, mais ils peuvent être fourbes ! Donc je les utilise avec modération et méfiance.
Il faut se préserver et ne pas perdre trop de temps.
Et toi qui a été enseignante, comment perçois-tu l’évolution et la place des blogs ou de l’écrit de manière générale par rapport aux contenus visuels et images qui prennent de plus en plus d’importance, à travers des réseaux comme Pinterest ou Instagram ?
Actuellement, l’immédiateté est reine, c’est un peu dommage. Les blogs sont à l’abandon parce que dans un blog, on soigne son écriture, on prend le temps. Heureusement il y a quelques « résistantes » qui prennent encore le temps d’écrire, de bien écrire ce qui ravit l’amoureuse de la langue que je suis !
Mais j’avoue que mon blog est bien moins nourri qu’il y a quelques années, cependant, j’essaye moi aussi de résister et de conserver ce bel espace que peut être un blog. C’est un peu ma mémoire. De temps en temps, je remonte le fil et c’est amusant de voir comment il a évolué.
Le portrait chinois de Michèle Thénot
Si tu étais…
* un tissu : du lin, j’aime son aspect brut et craquant
* une couleur : Toute la palette du gris au noir, j’aime aussi beaucoup tous les dérivés de l’indigo.
* une astuce couture : La couture morte, ou sous piqûre ou piqûre de bascule. J’ai découvert cette astuce dans les premiers patrons de République du chiffon, et je n’ai jamais trouvé rien de mieux pour que les parmentures se placent bien.
* une technique ou une finition : La doublure, partielle ou totale, c’est souvent plus simple et plus joli. J’aime aussi insérer un petit passepoil dans une couture, c’est discret et chic !
* un vêtement : Je suis dans ma période vêtements de travail et en ce moment, nous sommes gâtées avec les derniers patrons de Raphaëlle de Ready to sew : Jean-Paul, James et Julien
Un immense merci à Michèle pour cet excellent moment passé ensemble ! Je vous invite vraiment à découvrir ses deux livres qui sont de véritables pépites ! J’aime l’idée de ces livres intemporels qui nous accompagnent tout au long de notre vie de couturière, et dans lesquels on se replonge à chaque nouveau projet. Depuis l’interview avec Michèle, ils ont trouvé une place de choix dans ma bibliothèque et ont détrône au passage pas mal d’ouvrages… et je ne doute pas qu’ils vous plairont autant qu’à moi !
N’hésitez pas à jeter un œil chez Auguste et Septembre, Petits Bonheurs, Avril sur un fil, Bee Made, Pas de pacotille ou encore laisseluciefer pour découvrir leurs superbes robes et leurs avis sur le livre de Michèle.




// Pour suivre Michèle :
Son blog : www.mithe.canalblog.com
Instagram : @mithe54
2 commentaires
Merci pour le clin d’oeil! Et bravo à Michele pour ces 2 ouvrages, on apprend énormément avec elle !
Merci Virginie 😉 Tout à fait d’accord avec toi, on apprend énormément avec Michèle et c’est un vrai plaisir de se laisser guider au fil de son ouvrage