Un univers doux et intemporel, des photos sublimes et des créations soignées jusqu’au bout du fil, je vous emmène à la rencontre d‘Atelier Mélilot, une marque de prêt-à-porter haut de gamme pour enfants, créée par deux couturières hors pair : Solène et Mélodie. De leurs débuts avec un blog en duo « On sunday mornings » jusqu’au lancement de leur marque en passant par leur apprentissage du modélisme et de la confection pour enfant, petit plongée dans les coulisses d’une belle histoire…
On vous connaît pour votre blog couture « on Sunday mornings », un blog de référence qui fait partie des pionniers et des plus pointus en termes de technique dans notre petit monde. Pourriez-vous nous rappeler qui vous êtes et comment ce blog a vu le jour ?
Mélo : Ahah merci pour ces compliments ! On ne s’imaginait pas être parmi les blogs de référence de la communauté couture !
Qui sommes-nous ? Deux copines de lycée devenues inséparables en l’espace de quelques mois. Depuis notre rencontre, nous partageons toutes nos passions et notre temps libre. Nous avons ainsi commencé la couture de vêtements ensemble, et l’idée de créer un blog pour partager nos avis et astuces nous trottait dans la tête depuis un petit moment. Nous avons lancé On Sunday mornings fin 2014.
Le plus difficile a été de trouver le nom de notre blog ! Nous voulions un nom qui nous ressemble et rassemble nos passions… Sur On Sunday mornings, nous souhaitions parler de nos différentes activités du dimanche : couture, brunch, chine, préparation de voyages, et encore bien d’autres choses !
So : Beaucoup d’envies donc mais finalement moins de temps disponible que prévu pour partager tout ce que nous avions en tête. Mélodie a un boulot prenant avec de nombreux déplacements à travers la France. Et après une année de chômage, j’ai repris un puis deux boulots.
Et depuis la création de l’Atelier Mélilot, nous avons mis de côté le blog. Il est devenu difficile de trouver du temps pour l’alimenter.

En effet, un blog c’est passionnant mais très chronophage. Alors cela m’amène à vous demander quand et pourquoi vous avez décidé de vous lancer dans l’aventure Atelier Mélilot… et pourquoi ce nom ?
So : Nous avons toujours eu un faible pour la mode enfantine, au point de traîner dans les rayons bébé alors que nous n’avons pas d’enfant. Les naissances dans notre entourage ont été l’occasion de nous lancer dans la confection de vêtements bébé. La robe Axelle, la barboteuse Romy, la culotte Jeanne sont autant de modèles que nous avons dessinés pour gâter nos proches.
Mélo : Ce sont eux qui nous ont poussées à nous lancer, même si nous en rêvions secrètement.
Comme pour le blog, nous avons mis du temps à trouver le nom de la marque. Beaucoup de temps à vrai dire … 1 an ! Nous souhaitions un nom qui corresponde à notre univers, qui reflète les différentes facettes de notre projet : intemporalité, artisanat français et nature.
So : Mais la plus grosse difficulté n’était pas le manque d’idées mais les contraintes de l’existant. Car beaucoup de noms que nous avions en tête étaient soit déposés à l’INPI, soit déjà pris comme nom de domaine. Et à deux, comme pour des parents, il faut tomber d’accord sur un nom ! Alors après 1 an de brainstorming, nous avons fait le choix de Mélilot, un nom de fleur dont les syllabes rappellent le prénom de Mélodie et mon nom de famille.

Joli symbole, c’est un nom qui reflète parfaitement votre univers. Justement comment définiriez-vous le style « Atelier Mélilot » ?
Mélo : Nous avons souhaité créer des modèles intemporels avec des tissus de qualité et en grande partie unisexe. L’idée est que si vous commandez une barboteuse pour votre premier enfant aujourd’hui, vous pourrez la ressortir dans quelques années pour le petit frère ou la petite sœur !

Vous avez pris des cours de modélisme, quelles sont les particularités du modélisme enfant ?
So : La principale difficulté du modélisme enfant réside dans la morphologie changeante de l’enfant en fonction de son âge. Pour faire simple, de la naissance à 14 ans, il existe 5 bases :
– Layette, de la naissance à 18 mois (mixte) : conçue pour les enfants qui portent des couches ;
– Bébé, du 2 au 4 ans (mixte) : le bidon du bébé diminue, sa taille s’affine et il ne porte plus de couche ;
– Enfant, du 6 au 9 ans (mixte) : l’enfant (fille comme garçon) grandit très vite ;
– puis les bases « jeune fille » et « jeune homme » du 10 ans au 14 ans : la morphologie des ados impose la création de bases différentes.
Nous avons décidé de proposer des vêtements du 3 mois au 4 ans, soit 7 tailles. Mais par exemple, pour créer un modèle de pantalon, nous devons travailler un premier modèle avec notre base layette pour les tailles 3-18 mois, puis nous repartons sur la base bébé pour tracer le modèle avec des proportions similaires du 2 ans au 4 ans.
Donc contrairement à ce que l’on pourrait penser, le modélisme et la couture enfant ne sont pas nécessairement plus simples !
La deuxième contrainte à garder en tête lorsqu’on patronne pour nos petites têtes blondes est le confort de l’enfant (boutons plats plutôt que boutons à queue pour ne pas gêner bébé dans sa sieste, élastique lâche), mais aussi la praticité du vêtement pour les parents (des ouvertures à l’entrejambe pour faciliter le change avec des pressions pas trop petites pour les gros doigts des papas, une encolure suffisamment large pour laisser passer la tête du petit loup, etc).

C’est fascinant, c’est vrai qu’on ne pense pas à tout ça quand on coud pour adulte, pour soi. D’ailleurs quelles sont les spécificités du « prêt-à-porter » par rapport à de la couture amateure ? Est-ce que vous avez dû simplifier ou optimiser certaines étapes de fabrication ou de finitions pour être plus efficaces et gagner du temps sur la confection des pièces ?
Mélo : La plus grande différence est que nous devons être particulièrement méticuleuses et livrer un produit impeccable. En tant qu’amateur, nous pouvions nous permettre quelques approximations (le fameux « ça paaasse » que nous répétions sans cesse dans nos articles de blog !).
Pour l’Atelier Mélilot, c’est différent. Nous ne cousons plus pour nous ou nos proches mais pour des clients qui ont payé pour un produit, nous nous devons de leur envoyer quelque chose d’impeccable.
So : Après, pour chaque modèle, nous devons évidemment réfléchir à son coût de revient. C’est parfois difficile car nous avons plein d’idées de modèles que nous souhaiterions proposer mais qui nécessiteraient plusieurs heures de montage et ne pourraient donc pas être vendus à un prix intéressant pour les clients. C’est notamment la raison pour laquelle à chaque fois que nous patronnons un nouveau modèle, nous réfléchissons dès le départ à un montage astucieux pour nous faire gagner du temps par la suite.

Vous travaillez à deux, comment ça se passe ? Chacune a une tâche bien définie ?
Mélo : Comme pour le blog, l’Atelier Mélilot est une aventure que nous n’envisagions qu’en binôme. C’est une véritable chance de pouvoir partager ce projet à deux.
Et puis, l’avantage de travailler à deux est que nous pouvons nous répartir les différentes taches.
Quand l’une s’occupe de patronner, l’autre peut rechercher des fournisseurs et commander les matières premières.
So : Le patronage et le prototypage, c’est ce que je préfère en couture. Il était donc naturel que je prenne la main pour nos modèles. Le seul souci est que j’ai une fâcheuse tendance à m’égarer et à démultiplier les projets de nouveaux modèles pour m’amuser. Total des courses, on a dépassé les 20 modèles en 1 an … et que forcément, on prend du retard sur le reste.
Car nous faisons aussi la gradation nous-même, à la main. 20 modèles dans 7 tailles avec en moyenne 5 pièces à chaque fois … Bref, il faut absolument que je me calme et je compte sur Mélo pour me taper sur les doigts si je reprends mes vieilles habitudes. C’est aussi notre force à deux de pouvoir raisonner l’autre, mais aussi de peser le pour et le contre en permanence dès qu’un choix s’impose.
Mélo : Et nous gérons à deux la confection des commandes, cela nous permet plus de souplesse avec nos contraintes professionnelles respectives.
C’est vraiment une histoire de complémentarité et de complicité, c’est très joli. De plus, il y a un vrai engagement sur le bio et le made in France dans vos collections. Pouvez-vous nous éclairer sur votre démarche ?
Mélo : Nous pensons, dessinons et confectionnons tous nos modèles de A à Z chez nous, ils sont donc considérés comme made in France. Cependant, il nous semblait difficile de mettre en avant des vêtements fabriqués en France avec des tissus qui proviennent du bout de monde… Nous avons donc choisi de privilégier des tissus fabriqués en France ou en Europe afin de limiter leur impact écologique et d’aller jusqu’au bout de notre démarche.
Nos tissus sont également certifiés OEKO-TEX ou GOTS pour le respect de la peau des enfants, mais aussi parce qu’il y a un véritable engagement environnemental et social derrière le label GOTS. Pour rappel, le label Global Organic Textile Standard garantit un tissu biologique mais également une chaîne de production respectueuses de l’environnement et sociale.
Dans l’idéal, nous aurions aimé utiliser uniquement des tissus fabriqués en France, mais malheureusement l’offre reste assez limitée pour une petite structure comme la nôtre.
En plus des vêtements enfant, vous proposez une gamme d’accessoires, je pense aux carrés lavables notamment. Des projets pour étoffer cette gamme ? (Tote bag, gigoteuses, sacs à langer etc…).
Mélo : Nous avions glissé les cotons lavables en cadeau dans un coffret de naissance, ils ont énormément plu et on nous en donc demandé d’autres. Nous avons donc décidé de les proposer à la vente.
Dernièrement, j’ai voulu étoffer la gamme des accessoires avec des barrettes pour les petites filles. L’idée, ici, était de trouver un moyen d’’utiliser jusqu’à la plus petite de nos chutes de tissus pour éviter tout gaspillage.
So : Je dois avouer que ce n’est pas la partie qui m’excite le plus. Je me vois mal patronner un sac à langer ou une gigoteuse, bien que j’ai eu l’occasion d’en coudre un certain nombre pour faire plaisir à mes proches. Mais ce n’est pas dans l’accessoire que j’arrive à exprimer ma créativité et à me faire plaisir.
Vos photos sont absolument magnifiques et votre univers très élégant. Quelles sont vos sources d’inspiration ?
So : Merci, ça nous touche beaucoup !
Cela risque de paraître prétentieux mais nous n’avons pas d’inspiration particulière et nous n’avions même pas pensé au départ à définir une « esthétique » particulière pour notre boutique. Cela s’est fait naturellement, en commençant les premières photos dans le salon.
Mélo : L’univers de l’Atelier Mélilot renvoie à notre goût pour les brocantes et les virées à Emmaüs à la recherche de vieux meubles ou de décoration ancienne. Vous voyez donc sur les photos différents éléments que nous avons chiné ici et là : des meubles en bois, des bobines anciennes, un vieux vase, etc.
A côté de cela, nous aimons ajouter dans nos photos des fleurs (fraîches ou séchées par nos soins), à la fois car nous avons grandi l’une comme l’autre dans des maisons particulièrement fleuries, mais aussi pour rappeler le côté naturel de notre marque.
So : Enfin, nous souhaitions présenter sur nos fiches produits les photos de nos vêtements portés. Faute d’avoir un enfant en permanence sous le coude, nous avons adopté 4 mannequins de couture qui nous servent également à l’étape patronage et prototypage !
Avez-vous encore le temps de coudre pour vous ?
So : Pour être tout à fait honnête, avant même le démarrage de notre projet, nous avions levé le pied sur les projets couture personnels. Ce n’était pas une question de temps car quand je vois le temps dégagé pour l’Atelier, j’aurais pu me recoudre une garde-robe complète. Mais plutôt une prise de conscience. Je voyage en sac à dos avec les ados, et 10 kilos me suffisent amplement pour 3 semaines. Alors je ne voulais pas voir mes placards déborder de fringues que je ne porterai jamais. J’ai donc commencé à réfléchir à deux fois (voire trois) avant de coudre une nouvelle pièce. Et 90% je me rendais compte que je n’en avais pas besoin.
Depuis le lancement de l’Atelier, le temps libre pour coudre d’autres projets se fait rare, donc la réflexion est beaucoup plus rapide ! Je ne couds pour moi que des pièces qui manquent à ma garde-robe et j’essaie de continuer à gâter mes proches qui apprécient les cadeaux cousus main. Je viens ainsi de coudre avec 3 mois de retard une robe pour ma grand-mère. Et j’espère pouvoir coudre un nouveau modèle de robe pour ma nièce Romy que vous voyez sur nos photos Instagram (quand je vous disais qu’il faut que je me calme sur le patronage) !

Quel est le devenir de votre blog maintenant que vous avez créé votre marque de vêtements ?
Mélo : Même si nous ne prenons plus le temps de l’alimenter, nous avons du mal à nous résoudre à le fermer. Nous recevons encore des emails et des commentaires, preuves qu’il est toujours lu.
So : Et puis qui sait, je finirais peut-être par vous présenter ma « parkach », ce fameux projet de parka-trench commencé à il y 4 ans ! Plus sérieusement, j’ai parfois envie d’écrire un article mais celles qui tiennent un blog savent que c’est beaucoup plus chronophage qu’un petit post sur Instagram !
Comment voyez-vous l’évolution de la marque ? Est-ce que vous comptez continuer à fabriquer tout vous-mêmes ? Est-ce que vous envisagez de vendre autrement que sur Internet (dans des boutiques par ex ?)
Comme nous vendons uniquement nos pièces à la commande, nous n’envisageons pas de vente en boutique pour l’heure. Et pour ce qui ait de la confection en France par d’autres mains que les nôtres, nous y réfléchirons en temps voulu, mais ce n’est pas à l’ordre du jour pour le moment.
Une seule chose est sûre, le patronage et le prototypage resteront toujours entre nos mains !
Des projets pour Atelier Mélilot ? Que peut-on vous souhaiter ?
Mélo : Notre rêve serait de quitter nos boulots respectifs pour pouvoir nous consacrer à 100 % à l’Atelier Mélilot.
So : Mais ce n’est pas du tout au programme pour l’heure ! La création d’entreprise est un chemin long et sinueux ! Nous nous en rendons compte chaque jour et chaque commande est une belle récompense de l’énergie investie ! Pas de projets particuliers, mis à part étoffer notre ligne de vêtements pour les petits garçons. Ah et justement, un atelier flambant neuf m’attend d’ici quelques semaines dans ma nouvelle maison, avec table de coupe s’il vous plait ! J’ai tellement hâte !
Comment vous faites-vous connaître d’une clientèle qui est différente du lectorat de votre blog ? Est-ce que vous participer à des salons de créateurs pas exemple ?
Mélo : Je pense que peu de nos clients savent que nous tenions un blog avant de lancer l’Atelier Mélilot, ce n’est pas du tout la même cible.
Nous avons un compte instagram @atelier_melilot sur lequel nous partageons tous nos modèles. Pour l’instant, nous n’envisageons pas de participer à des salons de créateurs. Nous fonctionnons beaucoup via le bouche à oreilles.
So : Et nos proches sont nos meilleurs VRP !
Le portrait chinois de Mélo & So
Si vous étiez…
* un vêtement enfant : notre robe Apolline
* une matière : le coton biologique
* une astuce/un accessoire couture : la règle de repassage Prym pour des ourlets/coulisses rapides
* une technique ou une finition : l’ourlet invisible
* une couleur : le bleu
J’espère que cette découverte vous a plu, n’hésitez pas à nous laisser un petit commentaire pour partager vos impressions. Pour ma part je suis totalement séduite par l’engagement, la créativité, le chic et la belle histoire d’Atelier Mélilot. Merci à Solène et Mélodie d’avoir pris le temps de répondre à nos questions.
On leur souhaite de poursuivre leur route avec succès, elles le méritent !
// Pour les suivre :
Site Internet : ateliermelilot.fr
Facebook : @ateliermelilot
Instagram : @atelier_melilot
Leur ancien blog : www.onsundaymornings.com